Ça fonctionnait, pourtant...

*Quand Sven ouvrit les yeux, il était dans une pièce très sombre, taillée à même la roche. Il faisait froid et il ne voyait pratiquement rien. Tout ce qu'il sentait, c'était la dureté et la froideur humide de la surface rocailleuse sous lui, son regard embrouillé ou voilé par une quelconque obscurité. Des voix étouffées, impossibles à identifier, se firent entendre, tout d'abord celle d'une femme, puis celle d'un homme. Ensuite, un rire perça l'obscurité, le même rire dément que Sven avait entendu la veille, dans la salle de classe de Vie Moldue, avec Lyndsay. Sven gémit de douleur en sentant quelque chose lui traverser la jambe, puis un talon s'appuyer sur sa blessure, et se mit enfin à crier lorsqu'un couteau lui perça la peau du genou. Soudain, le visage d'un homme surgit de l'obscurité: un Mangemort aux cheveux coupés courts, aux traits cruels et au regard glaciel. Sa bouche se tordit en un pale sourire, puis sa voix résonna dans les oreilles de Sven, totalement claire.*

Oz Kervan: On s'entend bien, toi et moi, je trouve...

*Soudain, l'homme se mit à le frapper violemment, ne se rendant pas compte que Sven criait et manquait de souffle, les os de son torse se brisant les uns après les autres sous les coups du Mangemort. Sven s'étouffa, tenta de frapper l'homme pour se défendre, puis rouvrit finalement les yeux en se relevant dans son lit, bien en sécurité, à Durmstrang. Sven chercha son air rapidement, comme s'il venait de sortir de l'eau en ayant trop longtemps gardé son souffle, puis toussota doucement en mettant sa main autour de sa gorge. Sven prit de grandes inspirations pour tenter de se calmer, son coeur battant la chamade dans sa poitrine, puis finit par expirer longuement en ramenant ses jambres vers lui pour s'asseoir en petite boule dans son lit. Sven se toucha doucement la poitrine, puis ses jambes pour s'assurer que son corps était intact, puis essuya la sueur froide sur son front, se rendant compte pour la première fois que son corps était couvert de sueur, comme s'il venait de courir le marathon. Sven accota son front sur ses genoux ramenés vers lui, soupira longuement en se retenant de pleurer de panique, puis sursauta légèrement en entendant un miaulement inquiet surgir d'à côté de lui. Le Russe tourna les yeux vers Neko, qui le regardait avec des yeux intrigués, puis lui fit un petit sourire en coin plus ou moins réussi avant de le flatter vaguement.*

- Ça va, Neko... C'est fini... C'était seulement...

*Le jeune homme avala avec difficulté, puis tourna les yeux vers son armoire en soupirant longuement, l'air un peu perdu.*

- ...un mauvais rêve...

*Neko émit un petit miaulement de nouveau, puis se coucha sur le lit à côté de son maître au lieu de retourner sur son coussin fétiche dans le coin de la pièce. Sven agrandit légèrement son sourire en voyant son chat s'exécuter, le flatta doucement pendant quelques secondes, puis se leva finalement de son lit, n'ayant vraiment pas le goût de se recoucher dans l'état où il était en ce moment. Il alla à sa fenêtre pour ouvrir les rideaux et voir l'ambiance sous-marine nocturne du Grand Lac, de l'autre côté de la vitre, puis referma les rideaux en se disant que le fait de fixer l'horizon aqueux d'un noir de jais ne l'aiderait pas à chasser les images horribles qu'il avait en tête. Il se dirigea donc vers son armoire, ouvrit l'une des deux portes de celle-ci pour regarder les fioles nouvellement remplies de la potion concoctée par Patrick, puis se mordit doucement la lèvre inférieure avant d'accoter son front contre la porte rabattue en fermant les paupières, tentant de calculer mentalement la dose à ne pas dépasser par jour et la quantité de potion qu'il pourrait ingérer sans dormir toute une journée sans s'en rendre compte. Au bout de plusieurs secondes, Sven déboucha une fiole, but le tiers de son contenu, puis retourna vers son lit en reniflant doucement. Il se coucha sur le dos, les yeux grands ouverts, n'osant pas les refermer et risquer de revoir le visage d'Oz Kervan, puis soupira longuement en flattant doucement Neko, qui ronronnait doucement, comme pour le rassurer. Sven se rendormit au bout d'environ une demi-heure, ses paupières étant trop lourdes pour lutter plus longtemps contre le sommeil artificiel. Dans un coin de la pièce, une ombre sembla sourire.